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Que sont les indiens devenus ? A l'écoute de leurs paroles

Conférence donnée le 20 janvier 2004

par Jacqueline Baldran
Maître de conférences Université Paris IV

Introduction

Je remercie Sylvie Petin et le Forum d’avoir accueilli un sujet qui peut vous sembler au premier abord insolite. 
A l’origine, ce sujet était un programme, que nous avons proposé à des étudiants de littérature comparée de Paris III-Sorbonne nouvelle : " Textes et luttes des Indiens d'Amérique ". 
Ce " nous " n’est pas un pluriel de majesté, mais simplement une précision équitable à l’égard d’une amie et collègue, Florence Delay, avec laquelle je m'étais lancée dans cette aventure. 
Je dis " aventure " car nous sommes toutes deux hispanistes et, jusqu'alors, nos connaissances se limitaient aux Indiens d'Amérique Latine. Devant nous s'ouvrait un immense champ de recherches.

C’était il y a trente ans. La date n’est pas anecdotique car, sans le savoir, nous nous sommes retrouvées de plain-pied dans l’actualité. 
En effet, en 1970, le grand public était confronté à une nouvelle image de l’Indien, dérangeante, positive, véhiculée par la presse et la littérature. Dans la mesure où cette image était positive, elle mettait à mal un des mythes fondateurs de la Nation Américaine.

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Chasse aux bisons, chasseurs sioux et vue des Black Hills

Il est vrai, cependant, que ce même public, s'il fréquentait les cinémas, avait pu déjà prendre conscience que le western, qui pendant des décennies exaltait la conquêtre de l'Ouest, montrait, globalement les Indiens comme de sauvages ennemis, cruels et impitoyables. Or le western avait évolué.
En 1950, le public avait pu voir " La flèche brisée ", un très beau film qui montrait l’amitié indéfectible qui avait uni un grand chef Apache, Cochise, et un Blanc, Thomas Jeffords. 
Puis étaient sortis d'autres films de séries B qui présentaient des situations tout à fait nouvelles, par exemple une relation amoureuse entre un Indien et une Blanche, ou la spoliation des terres des Comanches.

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" LE SOLDAT BLEU "
Ving ans plus tard, soit en 1970, " Le soldat bleu " marqua un grand tournant. 
Ce film commence comme un film de série B : l’attaque d’un fort par des Cheyennes. Il se poursuit avec la longue errance de deux personnages, un soldat bleu, recrue naïve, et une jeune femme qui a vécu à peu près toute sa vie chez les Indiens Cheyennes. 
Le film s’achève dans l’horreur la plus absolue, par le massacre d'un camp d'Indiens dit "paisibles", c'est-à-dire qui s'étaient engagés à ne pas attaquer les Blancs. Ils n'étaient nullement menaçants, d'ailleurs la plupart des hommes valides étaient partis à la chasse. C'est alors qu'arriva un détachement de l'armée américiane. Effrayés, les Indiens se regroupèrent autour de leur chef, " Chaudron Noir ". Pour montrer qu'ils étaient des "Indiens paisibles", Chaudron Noir avait hissé un drapeau américain, qui lui avait été remis officiellement, et un drapeau blanc. Pourtant l’armée les attaqua, et ce sont des séquences d'une violence insoutenable : femmes éventrées, enfants tirés comme des cibles, etc.…
Il s’agit là malheureusement d’un fait historique tristement connu et appelé pudiquement 
" L'Affaire Sand Creek ". 
Ce film touchait énormément du fait qu’il s’appuyait sur une enquête menée, un peu plus tard, auprès des militaires ayant participé à ce massacre. Tous les détails étaient strictement exacts.

" LITTLE BIG MAN "
Deux ans plus tard, en 1972, " Little Big Man ", un film à la fois tragique, dramatique, souvent plein d'humour, un véritable chef-d'oeuvre signé Arthur Penn.
Le personnage principal (joué par Dustin Hoffmann) apparaît dès la première séquence. Il a 120 ans, et évoque sa vie lorsqu’il était ballotté entre les Indiens et les Blancs. On voit dans ce film une scène qui ressemble étonnamment à celle qui achève " Le Soldat Bleu ", et qui est, en fait, un autre massacre se déroulant quatre ans après, et qui décima les Indiens rescapés de Sand Creek.. 
Avec d'autres tribus, ils campaient à 60 km du Fort Cobb. Les chefs étaient allés demander la protection américaine, car ils sentaient leur camp dangereusement menacé. On leur refusa l'autorisation de s'installer au pied du fort ; ils furent renvoyés avec un peu de nourriture et des paroles apaisantes.Quelques jours après leur retour au campement,les soldats arrivèrent et l'horreur recommença. C'est le " massacre de Washita ". Moyennant quoi, le Colorado est débarrassé de ses Indiens et l’État est tranquille. 
Après le massacre de Washita,les rescapés se traînèrent au Fort Cobb; ils se présentèrent devant le général américain en disant, dans un anglais approximatif, " Nous sommes de bons Indiens ". Et ils s’attirèrent cette réponse : " Les seuls bons Indiens que j’ai connus étaient des Indiens morts ".

D’où la phrase qui est restée dans l’Histoire : " Il n’est de bon Indien qu’un Indien mort " 

L'une des scènes les plus remarquables de "Little Big Man" est la bataille de Little Big Horn où fut vaincu le détachement de l'armée américaine, parti pour les exterminer.

A la même époque, un très beau film suédois , " Le Nouveau Monde ", dénonçait à son tour la spoliation dont les Indiens étaient victimes. Un homme vient rendre visite à l’un de ses amis installé aux États-Unis. Ce dernier lui fait admirer sa propriété, les champs cultivés et son ami de lui dire : " Tu as cultivé honnêtement une terre que tu avais volée ".

C'est donc au cours de ces années où les États-Unis se battent au Vietnam, que, du fond de leur mémoire, surgit le souvenir du génocide des Indiens, tandis que les Indiens eux-mêmes font entendre leur voix..

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CULTURE INDIENNE
Si une partie du public fut sensible à ce réveil de l'identité indienne, c’est que depuis les travaux de Paul Rivet (vers les années 20) jusqu’à Lévi-Straus, l'ethnologie avait évolué.
On avait remis en cause l'erreur de l’ethnocentrisme ( qui n’est pas simplement le fait des seuls Européens),qui consiste à regarder une culture à l’aune de sa propre culture. L'idée se faisait jour, de plus en plus clairement, qu’il n’y a pas de haute et de basse culture, mais une culture élaborée par un peuple pour vivre dans un système cohérent.
C’est d’ailleurs ce que Roland Barthes appelait si joliment, dans les années 70, " la suspension des arrogances ". 
De leur côté, des militants indiens prenaient la parole. Ils demandaient d’être reconnus comme des citoyens à part entière, respectés dans leur indianité - très diverse car on comptait encore de multiples tribus sur le territoire des États-Unis -, évoquaient la difficulté d'être Indien dans la société Américaine et dénonçaient leurs difficiles conditions de vie dans les réserves.

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PAROLES INDIENNES
Si leurs paroles rencontrèrent un écho, si elles ne tombèrent pas de le vide, c'est que leur message interpellait le monde entier et répondait à l'angoisse d'une société qui commençait à percevoir les dangers pervers du progrès. 
En voici quelques exemples.

En 1968, un Indien disait : 
" L’air est vicié, les eaux empoisonnées, les arbres meurent, et les animaux disparaissent. Nous pensons que même le système climatique est en train de changer. Notre ancien savoir nous avait prévenu que ces choses arriveraient si l’homme interférait avec les lois naturelles. Quand le dernier mode de vie naturelle aura disparu, tout espoir de survie humaine aura disparu aussi. "

En 1969 : 
" L’espèce humaine est aujourd’hui même confrontée à la question même de sa survie. La civilisation occidentale s’engage sur un chemin de mort où sa propre culture n’a pas de réponse viable. Confrontés à la réalité de leurs propres capacités destructrices, les Blancs ne peuvent qu’aller de l’avant, vers des zones de destruction encore plus efficaces ".

En 1977 : 
" L’homme blanc joue avec le feu, il tue l’eau et toute la vie dedans en y déversant des déchets et du pétrole. Il pollue l’air que nous respirons. A New York, il y a déjà des jours d’alerte à la pollution et la radio annonce que le seuil acceptable est franchi. "

Ce sont les années de ce qu’on a nommé " Le réveil Indien ", non seulement parce que les Indiens se manifestaient dans l'actualité au moyen d'actions spectaculaires, mais aussi parce que le monde de l’édition publiait de nombreux ouvrages consacrés aux Indiens, ainsi que différentes autobiographies indiennes dans lesquelles les Indiens, nos contemporains, parlent d’eux, de leur vie quotidienne, de leurs traditions, de leur culture ou rapportent des récits que leurs ancêtres, leurs parents ou leurs grands-parents, ont pu leur faire des événements tragiques qu’ils avaient traversés.

" ENTERRE MON COEUR Á WOUNDED KNEE "
En 1970 paraît un livre absolument remarquable intitulé : " Enterre mon cœur à Wounded Knee " qui raconte la conquête de l'Ouest vue du côté Indien. 
Pour ce faire, l'auteur, Dee Brown, est un américain blanc, avait mené une recherche très sérieuse en consultant les archives, celles du Sénat mais également celles du Bureau des Affaires Indiennes
Mais, plus encore, il fit faire la retranscription des discours prononcés par les chefs indiens lors des rencontres les plus importantes, et qui avaient été pris en sténo...
C’e n'est pas un livre manichéen, car on y voit des Indiens qui sont aussi des traîtres, qui se vendent aux Américains et qui, parfois, se comportent cruellement.
" Enterre mon coeur à Wounded Knee" est un ouvrage historique.
L'immense et bouleversant intérêt de ce livre est que, loin des clichés habituels véhiculés par le folklore hollywoodien ou par la bande dessinée, on voit brusquement la grande épopée de l’Ouest teintée des lueurs sanglantes qu’a laissé la conquête du Far West, telle qu'elle est restée dans la mémoire indienne.
A peu près à cette même époque, était réédité un ouvrage écrit par la femme d’un général américain, Helen Jackson, qui porte un titre clair : " Un siècle de déshonneur ".
Dans le même registre, Edmund Wilson publiait " Pardon aux Iroquois ". 
Au cours de ces mêmes années, les militants indiens commençaient à se faire connaître par des actions spectaculaires avec l’espoir que ces actions seront relayées par la presse.

LE CONTEXTE HISTORIQUE
Florence Delay et moi-même n'imaginions pas à quel point le programme que nous avions choisi allait nous mettre en prise directe avec l'actualité.
Mais pour comprendre ce qui se passait en 1970, il nous fallait inscrire ces événements dans un contexte historique. 
Fidèles à notre point de départ, nous avons donc privilégié, autant que cela était possible, le point de vue des Indiens.

Nous les avons accompagnés depuis l’aube de leur histoire, en suivant les premiers hommes qui franchirent vraisemblablement le détroit de Béring derrière les grands mammifères, sans même savoir qu’ils changeaient de continent. Plus tard, nous nous sommes promenées au pays des Hurons, amis des Français. 
Puis, nous nous sommes risquées sur les territoires de la puissante chefferie des Iroquois qui, eux, ne vivaient pas dans des tentes, mais dans des grandes maisons. On la désigne parfois sous le nom de " pays du matriarcat ", car les femmes y avaient un pouvoir extrême. Quand une femme n’était pas contente de son mari, il trouvait son ballot devant la porte en rentrant de la chasse et il n’avait plus qu’à retourner chez sa mère. 
Les Iroquois avaient, bien avant Freud, compris que les rêves venaient de nos frustations, et écoutaient leurs rêves pour comprendre les désirs cachés.

Ensuite, nous nous sommes retrouvées sur la côte pour accueillir les pèlerins du Mayflower, généreusement. Nous les avons aidés à survivre. 
Quelque temps après, nous sommes parvenues derrière la mince palissade de bois qui nous séparaient des Blancs, cette palissade qui s’appelait " Wall Street ". 
Les Indiens étaient repoussés de plus en plus vers l'Ouest et, à la fin du 18ème siècle, ils se retrouvaient sur la rive Ouest du Mississipi, dans ce qu'on nomme " Les grandes plaines ".

Le Grand Ouest, c’est-à-dire un immense territoire où étaient mêlées les tribus natives de la région, et toutes celles qui avaient été repoussées petit à petit. Dans ce creuset des plaines était née une civilisation extrêmement brillante, dont les gravures et les dessins de Catlin, portent encore le témoignage. Cette civilisation extraordinaire ne durera qu’une cinquantaine d’années. 
Elle était condamnée par l'arrivée massive des émigrants et le recul de la Frontière.
Ce phénomène a été remarquablement expliqué par Pierre Chaunu qui analyse selon deux modalités, - la "Conquista" et la "Fontière" - l'installation de l'homme blanc sur le continent américain. Lors de la "Conquista", les Espagnols s’étaient trouvés en face d’empires constitués. Après s'être emparés du pouvoir central, ils utilisèrent les structures et les hommes en place. 
En revanche, les futurs États-Unis étaient peuplés de tribus indépendantes, libres, composées de chasseurs, de nomades, d’agriculteurs. L'installation des émigrants se fit au détriment des tribus indiennes qu'il fallait déloger, repousser. 
La Frontière avança inexorablement et, semblable à un rouleau compresseur, écrasa les populations autochtones ou les obligea à reculer.
Les États-Unis sont, comme on le sait, peuplés d'émigrants.
Pour parodier la phrase de Borges, on peut dire : " Les Mexicains descendent des Aztèques, les Péruviens descendent des Incas et les Américains descendent du bateau ".
En suivant le cours de l'Histoire, nous nous retrouvions dans le creuset des plaines.

A notre tour,nous partîmes donc sur le sentier de la guerre avec les Indiens. Lorsqu'ils parlent de leurs frères qui veulent absolument devenir Blancs, les Indiens se moquent en disant : " Ce sont des pommes", c'est-à-dire "blanc à l'intérieur et rouge à l'extérieur ".

Nous avons suivi une démarche opposée et notre étude s'est alors, pour l'essentiel, basée sur le livre de Dee Brown, " Enterre mon coeur à Wounded Knee ".
Tout d'abord, nous avons découvert cet immense territoire, parcouru par des troupeaux de bisons et par des chasseurs et les tribus qui vivent dans les tepees. Les Indiens ont adopté le cheval et sont de merveilleux cavaliers. Les tribus vivent essentiellement de la chasse au bison. 
Il est clair que le seul obstacle à l'installation d'un nouveau mode de production des terres à l'Ouest du Mississipi venait de ces tribus qui s'obstinaient à vivre selon leurs anciennes coutumes.
Un obstacle qu’il fallait franchir, de gré ou de force.
Au fil des chapitres de " Enterre mon cœur à Wounded Knee ", on voit comment s’enclencha inexorablement ce mécanisme.
Il ne s’agit pas de faire de l’anti-américanisme primaire, mais de voir qu’il ne pouvait en être autrement. 
Cela dit, et Dee Brown le montre,à l'aide d'exemples historiques : quelques militaires engagés dans ce combat eurent honte de ce qu’ils étaient obligés de faire et dénoncèrent les atrocités commises. Quand ils le dirent trop ouvertement, ils compromirent ou ruinèrent leur carrière militaire. 
On sait également que plusieurs d’enfants, qui avaient été capturés par les Indiens et qui furent libérés quelques années plus tard, regrettèrent leur famille indienne. 

La marche de l'Histoire avait pour conséquence la disparition des tribus autochtones.
Comment s’est mis en place ce mécanisme d'élimination des Indiens ?

On peut schématiquement le résumer ainsi.
Une piste est ouverte par les Blancs en territoire indien, avec ou sans l'accord des tribus qui y vivent. Les pionniers s'avancent sur cette piste, et plus nombreux encore lorsque le mirage de l'or s'empare des chercheurs.
Á ce moment-là, les Indiens constatent que les Blancs sont en train d'envahir leur territoire de chasse. Ce qui met en péril leur survie et celle des leurs. 
Les premières escaramouches se produisent. La peur va naître, dans les deux camps.
Ils essaient de parlementer en vain. La violence appelle la violence.
Les massacres commencent de part et d'autre.

 

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Le Gouvernement va tenter de calmer les choses en signant un traité pour garantir la sécurité aux convois, et aux Indiens les territoires d’une réserve. 
Malheureusement, il n'est pas possible d'endiguer le flot des émigrants. Des forts sont construits le long de la piste, gardés par des soldats. L’Armée doit intervenir car les émigrants ne tiennent nul compte des traités passés ou les ignorent. Quand ils voient une terre libre, sauf s’ils vont chercher de l’or, ils ont envie de se l'approprier. Parfois même, on leur accorde le droit de s’installer sur des terres préservées par les traités. 
L’exaspération des Indiens monte alors, exaspération qui se traduit par des agressions violentes et des comportements meurtriers. La peur grandit chez les pionniers durant les grandes traversées de l’Ouest américain.

Il faut en arriver à un nouveau traité. 
Pour sauver les leurs, les Indiens acceptent de le signer ; ce qui réduit leurs territoires de chasse mais, néanmoins, ils sont toujours traqués. Précisons que, quand on parle de guerre faite par les Indiens, il ne s'agit pas d'une armée constituée, car les guerriers sont accompagnés des femmes, des enfants, des vieillards. Il y a donc d'un côté les détachements de l'Armée, et de l'autre côté, plusieurs tribus chargées du poids des tentes, des objets du quotidien de la famille. Si, en fin de compte, les chefs se résignent à accepter les limites d’une réserve, c'est pour sauver leur peuple. 
Parfois, le dernier traité leur ôte même leur terrain de chasse, ce qui signifie que le gouvernement américain s’engage à leur fournir les ressources nécessaires à leur vie. C'est-à- dire que les Indiens, confinés dans les réserves, ne sont pas des mendiants qui demandent l’aide de l’État. Cette aide est une aide contractée par le gouvernement américain en échange de l'abandon de leurs terres, c'est-à-dire de leur possibilité de vivre selon leur mode habituel.

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Signature du traité de Laramie

 

En 1868, une déclaration affirmait à propos du Dakota : 
" Aucune personne de race blanche ne doit être autorisée à s’approprier ou à occuper la moindre parcelle de ce territoire, ni à le traverser, sans le consentement des Indiens. "
Ce traité du Dakota,qui définissait les limites des terres laissées aux Indiens " aussi longtemps que le soleil brillera, que les fleuves couleront vers la mer " ne sera jamais respecté.
Comme tous les autres.
Pour autant, il ne faut pas penser que ces traités furent toujours passés de mauvaise foi. C'est le mouvement même de l'Histoire qui les condamnait.
"Enterre mon coeur à Wounded Knee" suit les étapes de cette spoliation inéluctable de toutes les tribus et les horreurs qui l'accompagnèrent. On suit, chapitre après chapitre, ce qu'il advint à toutes les tribus lors de la "conquête de l'Ouest". 
Vers le sud-ouest, les Apaches, qui vivent entre les États-Unis et le Mexique, tentent de fuir les Blancs et les réserves qu'on veut leur imposer. Si les Mexicains les attaquent, ils passent du côté des États-Unis. Si ce sont des Américains, ils passent du côté du Mexique.

 

GERONIMO
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L'un des chefs apaches les plus connus est, sans doute, Geronimo, un Apache Chiricahua,un homme superbement intelligent, un mystique, un visionnaire. Geronimo était devenu un guerrier impitoyable après avoir vu sa femme, sa mère et ses enfants massacrés par les soldats mexicains alors qu’il vivait dans le Nord du Mexique. Dès lors, il voua une haine féroce aux Blancs, qu’ils soient Mexicains ou Américains. Pendant plus de dix ans, il va rendre fous les Américains. 
On tenta de l’enfermer avec son peuple dans la réserve de San Carlos, loin de son territoire d’origine, et il ne l’accepta pas. A chaque fois qu’il fut enfermé, il s’échappa. Au terme de plusieurs années de fuite, il fut abandonné par les siens. Il n'était plus accompagné que de quelques partisans.On lança 5000 hommes pour traquer 36 Apaches. 
Les Américains ne l’aurait jamais capturé s’ils n’avaient pas utilisé des éclaireurs Apaches, c’est-à-dire des Indiens qui, trahissant la cause de leurs propres frères, mirent leur talent au service de l’Armée américaine.
Geronimo sera pris par traîtrise. 
On le convoqua à une réunion, soit disant pour discuter d’un nouveau traité. En réalité, on venait l’arrêter. Il fut considéré comme un prisonnier de guerre. On le trompa sur l’endroit où allait le conduire. Par fatigue peut-être, il accepta au lieu de s’enfuir. Il fut emmené avec les siens dans une réserve en Floride. Les Apaches, qui n'étaient pas habitués à ces nouvelles conditions climatiques, moururent comme des mouches. Au point qu'on les transfèra dans une autre réserve. 
Geronimo avait été condamné à être éloigné pendant deux ans de son territoire d’origine. Il n’y reviendra jamais. Il mourra plus de vingt ans plus tard, en 1809.
Dans cette nouvelle réserve, Geronimo montra combien il avait compris certains travers de la mentalité de la société blanche. Il avait conscience d’être devenu une vedette et, dans cette réserve, il joua avec ruse et humour de cette célébrité.Les touristes venaient lui acheter les boutons de ses vêtements. Geronimo vendait tout ce qu'il voulait.

COCHISE

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Cochise, celui qu’on appelle " le beau Cochise " ou " le grand Cochise " est une autre grande figure apache. 
Lui aussi pouvait éprouver beaucoup de rancœur à l’égard des Américains, car on avait essayé de l’arrêter par traîtrise. Il avait réussi à s’enfuir, mais les Américains avaient traîtreusement arrêté son beau-père, " Mangas Colorado ", l’avaient torturé et mis à mort. 
Pendant plus de dix ans, Cochise refusera d’entrer dans une réserve avec les siens. Il fit régner la terreur dans tout le territoire Apache. 
Puis, un jour, un Blanc, Thomas Jeffords, chargé de transporter le courrier et de traverser le territoire Apache, vint voir Cochise, sans armes, avec un drapeau blanc. Ils étaient, tous les deux, honnêtes, hommes de parole, loyaux. Une amitié naquît que le temps ne détruira pas. Cochise s’engagea à ce que le courrier passât toujours sans être attaqué, du moment qu'il s'agissait de courrier personnel, et non de message de l'armée.
La guérilla continua mais " le courrier ", passa toujours sans la moindre anicroche. Cochise, fatigué, lassé, finira par accepter le territoire d’une réserve à la condition que celui qui dirigera la réserve soit son ami, Thomas Jeffords. 
C’est donc une très belle histoire d’amitié qui est racontée dans " Enterre mon cœur à Wounded Knee ", celle-la même qui constitue le scénario de "La Flèche brisée".
Dans ses mémoires, le petit-fils de Cochise raconte qu'il aurait voulu tenir le rôle, mais qu'il fut évincé parce "qu'il n'avait pas du tout le type". Pourtant, si l'on regarde les photos, on est frappé par sa ressemblance avec son grand-père. En effet, grâce à la photographie, nous sommes désormais familiarisés avec les visages des Indiens. Certains ont l'air redoutables, mais on est frappé de constater combien, jeunes et moins jeunes, il avaient de beaux visages intelligents.

RED CLOUD
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L’un d’entre eux, Red Cloud (Nuage Rouge),un indien Sioux, est l’un de ces héros qui a tenu en échec l’armée américaine durant des années, en luttant contre une piste ouverte dans son territoire, la piste " Bozeman ". 
Il a lutté avec tant de courage, de vaillance et de sauvagerie, que le gouvernement a été amené à négocier avec lui. Il fut conduit auprès du président des États-Unis, et c'est à Washington qu'il prit la mesure de la puissance américaine.
Il comprit la force de son adversaire et qu'il était vain de tuer des Blancs sur la piste "Bozeman" puisqu'ils formaient désormais une véritable nation. 
A son retour, il acceptera, pour son peuple, la réserve de " Pine Ridge ". Il y restera et refusera désormais de se battre.

CRAZY HORSE
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Parmi la génération plus jeune, se trouvent deux autres grands et magnifiques chefs Indiens et guerriers mystiques,Sitting Bull (Taureau Assis) etCrazy Horse (Cheval Fou). Ils se lancèrent également dans la lutte pour défendre leur territoire, en particulier la région des " Black Hills ", leur terre sacrée. 
Or, dans les "Black Hills", on avait découvert de l'or. Il était impossible de maîtriser la ruée des chercheurs. Aussi proposa-t-on à Sitting Bull et autres chefs de leur acheter les " Black Hills ". 
Evidemment, ils réagirent avec indignation ; on ne vend pas les terres sacrées ! Malheureusement, après bien des combats, les Indiens dûrent acccepter cette vente forcée. Cependant, comme les tribus indépendantes étaient indépendantes les unes par rapport aux autres, certaines signèrent et d'autres refusèrent. Ces derniers furent appelés les " Indiens hostiles ", et comme tels, on eut le droit de les tuer et de les massacrer.

LITTLE BIG HORN
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Á la bataille de " Little Big Horn ", l'événement le plus célèbre de la Conquête de l'Ouest, participèrent Sitting Bull et Crazy Horse. Pour les Blancs, ce fut un massacre, pour les Indiens, une incontestable victoire.
Les Indiens, qui n’ont pas voulu céder leurs droits sur les " Black Hills ", se sont regroupés à "Little Big Horn " et sont décidés à livrer bataille. Il y a les Sioux, des Cheyennes, et bien d'autres tribus qui vont affronter l’armée américaine.

CUSTER
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L’une des colonnes envoyée par l’armée est dirigée par Custer, grand tueur d’Indiens devant l’Eternel, qui n’a que mépris pour cette horde de sauvages. Il est absolument certain de les éliminer tout de suite. 
La bataille se déroule le 27 juin 1876. Les deux grands chefs Sitting Bull et Crazy Horse mènent le combat.
Custer et ses 285 hommes sont vaincus et massacrés. Cette victoire fut un véritable traumatisme pour les Américains et les Indiens la payèrent très cher.

Ils furent désormais poursuivis implacablement. Ils n’eurent plus un instant de répit. C’est ainsi que Sitting Bull dût fuir avec les siens au Canada. Quand on sait que ces gens se déplacent à pied avec femmes et enfants, on comprend qu’un Indien contemporain ait écrit : 

" Le Grand Esprit aurait dû faire ses enfants sur des roulettes pour pouvoir parcourir tant de distance. "
Crazy Horse continua la lutte. C’était un guerrier mystique, comme presque tous les grands guerriers indiens. A la fin, traqué, fatigué, il acceptera de se rendre, mais il sera assassiné traîtreusement, un an après la victoire de Little Big Horn.

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Au Canada, Sitting Bull s’ennuyait de son pays. Il y revint au bout de quatre ans, et accepta d’entrer dans une réserve. Malgré cette reddition, il fut d’abord traité comme un prisonnier, on ne lui laissera un peu de liberté que plus tard. 
Sitting Bull était un chef vénéré, un chaman, un visionnaire, un " medecine man ".
Il était très intelligent, et, du même coup, redoutable, car on le savait capable de déjouer les manigances, les tractations des Blancs, et que, contrairement à certains Indiens, il ne s’en laissait pas compter. On sait également que, s’il décide de reprendre la lutte, il sera suivi. On le traite donc avec une certaine considération.

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Sitting Bull et Buffalo Bill

C’est ainsi que, en 1883, on lui demande de prononcer un discours à l’occasion d’une cérémonie organisée pour célébrer la pose de la dernière traverse de la voie ferrée. Il y avait là toutes les autorités et le Président des Etats-Unis. Sitting Bull accepta. 

Il parlera la langue Sioux et un interprète traduira ses paroles. Or, au grand étonnement de l’interprète, au lieu des paroles fleuries qu’on attendait, Sitting Bull, très calmement, disait :
" Je hais les hommes blancs sans exception. Vous n’êtes que des voleurs et des menteurs, vous avez pris notre pays et fait de nous des proscrits. " 
Et il continua par une série d’injures.L’interprète se débrouilla comme il put pour sauver la situation. De temps en temps, Sitting Bull s’arrêtait, il saluait, tout le monde applaudissait. Ce fut un triomphe !!!.

En 1890, la plupart des Indiens étaient parqués dans des réserves, en particulier tous les fiers Indiens des Plaines. Ils étaient dans une situation bloquée, sans espoir. C’est à ce moment-là que, dans ces tribus qui n'avaient plus la moindre possibilité d'agir, se développa une sorte d’espoir messianique, visionnaire. Un prophète, Wowoka, leur avait dit que, s'ils dansaient, vêtus d’une tunique blanche, inlassablement le jour et la nuit, les Blancs finiraient par disparaître. Sans se battre car, quoi qu'il arrive, vêtus de blanc, ils ne seraient pas blessés par les balles
C’est ainsi que commença " La danse des Esprits ", totalement pacifique. 
Cet espoir messianique se répandit comme une traînée de poudre, dans toutes les réserves. Sitting Bull refusa de participer à cette danse à laquelle il ne croyait pas. Mais les Blancs avaient peur.
En décembre 1890, Sitting Bull est assassiné par un Indien traître.

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Les Indiens de la réserve de Sitting Bull, terrorisés à la pensée qu’ils sont sans protection, vont s'enfuir sous la protection du vieux chef, " Grands Pieds ".
Ils prirent la route par un jour de Décembre. Il faisait un temps épouvantable. Il neigait. Ils avançaient très difficilement, d’autant plus que " Grands Pieds " était très malade, atteint de pneumonie. 
Un détachement de l'armée avait été envoyé pour traquer les fugitifs. Ils les rencontra. Les fugitifs brandissaient un drapeau blanc et dirent qu’ils se rendaient dans une autre réserve afin d'être sous la protection de "Nuage Rouge". 
Le groupe d’Indiens poursuivit sa route, encadré par les militaires qui devaient les accompagner à " Wounded Knee ". " Grands Pieds " ne pouvant plus marcher, on l'installa dans l’ambulance. Le soir venu, ils s’arrêtent et dressèrent un camp non loin de " Wounded Knee ". "Wounded Knee" où les Indiens, en grand secret, avaient enterré Crazy Horse.
On leur distribua des vivres et ils y passèrent la nuit. Au matin, sans qu’on sache pourquoi, on désarma tous les Indiens et on les fouilla. 
Un incident se produisit alors. Un jeune Indien, dont on apprit plus tard qu’il était légèrement demeuré, sourd, et qu'il n’avait rien compris, brandit son fusil. On ne sait pas ce qui se passa. Le coup partit. La fusillade fut générale, car on avait placé autour du camp quatre mitraillettes qui fauchèrent tous les Indiens. On dénombra 25 blessés chez les Américains, évidemment touchés par leurs compatriotes, puisque les Indiens étaient désarmés. 
Ce fut le massacre de " Wounded Knee ". 
La tempête de neige faisait rage et, lorsque la folie s'apaisa, il fallut abandonner là les corps des Indiens morts et traîner les rescapés jusqu’à " Wounded Knee ".

Dee Brown écrit : 
" Il n’y avait pas de places disponibles pour les accueillir. On finit par leur ouvrir les portes de l’église épiscopale. C’était le quatrième jour après la fête de Noël, en l’an 1890. 
Lorsque les premiers corps, déchiquetés et sanglants, furent transportés dans l’église éclairée aux chandelles, ceux qui n’avaient pas perdu connaissance purent apercevoir des guirlandes de Noël et, au-dessus de la chaire, une bannière qui portait l’inscription " Paix sur Terre aux hommes de bonne volonté. "

Red Cloud pouvait, à juste titre, dire :
" Lorsque l’homme blanc entre dans mon pays, il laisse une traînée de sang derrière lui ".

LE RÉVEIL INDIEN
C'est au nom des ces traités systématiquement violés que, dans la seconde moitié du 20ème siècle, les Indiens reprennent la parole. Mais leur combat n'est plus le même. Il ne s'agit plus d'échapper à leurs réserves comme dans le passé, mais, au contraire, de garder leurs derniers territoires, car une nouvelle menace pèse désormais sur les territoires qu'on leur a laissés. On a découvert la richesse du sous-sol.
Au cours des années 60, ce que l'on commence à appeler le " réveil indien " s'organise sous une forme précise,l’ " American Indian Movement " (A.I.M.). L'A.I.M. se bat pour l'amélioration des conditions de vie dans la réserve, pour la sauvegarde des territoires indiens. Et pour que l'opinion publique sache que les Indiens existent toujours, l'A.I.M. va mener des actions spectaculaires qui alerteront les médias.
La plus spectaculaire, la première, a lieu en 1969, Un groupe d’Indiens occupe l’îlot d’Alcatraz pendant environ 70 jours. Á cette occasion, ils publient la "Déclaration d'Alcatraz", un chef-d’œuvre d’humour.

" Nous achetons l’île d’Alcatraz pour 24 dollars payables en verroterie et en toile rouge, précédent établi par l’homme blanc lors de l’achat d’une île semblable il y a environ 300 ans. Nous savons que 24 dollars de marchandises pour ces acres de terrain représentent plus que ce qui a été donné pour l’île de Manhattan, mais nous savons aussi que le prix de la terre a augmenté. "

Les Indiens réclament donc l’île d’Alcatraz au nom du droit du premier occupant, et ils ajoutent qu’ils traiteront très bien les Blancs qui y sont installés. Ils signent d’ailleurs un traité qu'ils respecteront " aussi longtemps que le soleil se lèvera et que les fleuves couleront vers la mer."

" Ultérieurement, nous conduirons les Blancs vers de plus justes mœurs. Nous leur offrirons notre religion, notre éducation pour les élever à notre degré de civilisation. On fait ce traité de bonne foi. "

" L’île d’Alcatraz convient très bien pour faire une réserve car il y a tous les critères qui définissent une réserve : aucune salubrité, aucun sanitaire, pas d’eau courante, pas d’électricité, pas de ressources, le chômage. "
Bref, un bagne.

Ils ont encore une magnifique idée. Ils proposent de créer un musée de l’Homme Blanc où l’on mettra les bouteilles de Coca-Cola, les boîtes en plastique, toute la pollution que répand la société moderne.

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Un autre groupe de militants critiqua avec humour la politique de réinsertion qui avait été promue vers 1953, et selon laquelle il fallait attirer les Indiens des réserves vers les villes. Cette politique se solda évidemment par un échec : chômage, délinquance, alcoolisme. 

Une publicité parût : " Pourquoi vivre dans la pauvreté dans vos réserves, alors que vous pouvez vivre dans la pauvreté dans une grande ville ? Essayez le Bureaux des Affaires Indiennes et son programme de relogement. Nous vous emmènerons loin des coutumes dépassées de votre patrie tribale, et nous vous lâcherons dans un bidonville passionnant, où vous serez seul, sans ami, sans argent, avec une carrière stimulante, par exemple laveur de carreaux ou clochard. "

En 1973, une autre action fut largement répercutée par les journaux : l’occupation du village de Wounded Knee. Wounded Knee, deux fois symbolique,puisque c'est là que les Indiens furent massacrés et où fut, en grand secret, enterré le corps de Crazy Horse. 
Les militants de l’A.I.M. (American Indian Movement) occupèrent le village pour réclamer l'application d'une nouvelle politique, promise par Nixon, mais jamais appliquée : ils demandent le renvoi des chefs de la tribu qui sont corrompus. 
Pour être entendus, ils prennent des Blancs en otages. C'est sans doute parce que l’événement fut couvert par la presse que les Indiens ne furent pas liquidés. L'’appui inespéré deMarlon Brando, les rendit, sur le moment, intouchables.
Après avoir tenu le siège, un accord sera signé. Une enquête aurait dû aussi avoir lieu. Rien de tout cela ne fut fait, bien entendu, et la plupart des dirigeants se retrouvèrent en prison.

En 1976, à l'occasion de la commémoration de la bataille de " Little Big Horn " se déroula une autre manifestation hautement symbolique. 
Le gouvernement américain avait prévu une cérémonie en l’honneur du général Custer et des soldats américains tués lors de la bataille de Little Big Horn. Une délégation d’Indiens arriva alors, accompagnée d'un " medecine man " et d'un " chaman ", pour rappeler qu'ils étaient eux aussi Américains. 
La cérémonie eut donc lieu "en l'honneur de tous les morts de Little Big Horn".

En 1977, des délégués indiens furent reçus à l’O.N.U. Ce furent les grandes années du réveil indien. Même en Europe se manifesta un enthousiasme, parfois exalté, mais qui retomba quelques années plus tard.

De février à juin 1978, ce fut : " La grande marche des traités violés " qui partit d'Alcatraz pour se rendre à Washington. Elle réunit des milliers de participants. Ils n'étaient pas tous Indiens. Parmi eux, on comptait des étrangers et des personnalités connues. Parmi les plus célèbres, des acteurs, par exemple, Marlon Brando, Robert Redford, Jane Fonda, Bob Dylan et bien d’autres. Ils espéraient rencontrer le président Carter à Washington. Malheureusement,ce fut impossible car il était en Allemagne où il parlait... des Droits de l’Homme.

SPIRITUALITÉ INDIENNE
Tous ces mouvements ne sont pas seulement politiques, ils font aussi appel aux valeurs spirituelles des Indiens. 
D’ailleurs l’A.I.M. a un chef politique, il a aussi un chef spirituel.
Évoquer cette spiritualité est, en quelque sorte, une façon de cerner leur univers mental et de comprendre comment ils répondaient aux grandes questions qui se posent de tout temps à l'Homme, des questions sur la vie et la mort. 
Cela dit, il faut raison garder. Les Indiens n’était pas tous des anges. Ils n’étaient pas tous parfaits. Mais ils n’étaient ni d’horribles sauvages, ni des anges. C’était des hommes, certains violents, agressifs, menteurs, tout simplement des hommes. 

On ne peut donc pas verser dans l’utopie du " bon sauvage ", ce que Pascal Bruckner avait dénoncé dans un ouvrage, " Les sanglots de l’homme blanc ". 
Quand on tente de comprendre leur univers mental, on découvre chez les Indiens d'hier et d'aujourd'hui - en particulier dans leurs autobiographies - une conception du monde qui nous est tout à fait étrangère. Les Indiens ont le sentiment de vivre dans un univers sacré, magique. 
Tout l’univers est sacré, qu’il s’agisse du monde végétal, du monde animal et même du monde minéral. Tous ces mondes ont en eux un pouvoir, une puissance. Sur cette Terre, l’Homme est le plus démuni ; afin de survivre, malgré sa faiblesse, il doit se concilier les pouvoirs de tous ces éléments. Et pour ce faire, il doit mener une quête ascétique qui lui donnera une vision et, avec elle, l'aide d'une puissance. 
Cette quête de vision fait partie de l’éduction des jeunes Indiens. Elle se fait différemment selon les tribus, mais,dans tous les cas, il s'agit d'une sorte d’ascèse intérieure, de prière, pour que se manifeste la vision. Alors un esprit titulaire répond et il enseigne à l'Indien un chant sacré grâce auquel il pourra obtenir l’aide des Esprits. 
Tous les Indiens se plient à cette ascèse. Certains sont plus prédestinés que d’autres, et ont davantage de pouvoir, ce sont les chamans. 
Quand on lit les autobiographies indiennes, on s’aperçoit combien le rituel, qui accompagne tous leurs actes, est lié à cette conception du sacré. Ce rituel accompagne la cueillette, la chasse. Les Indiens ont conscience de détruire l’harmonie de la Nature et, pour rétablir l’équilibre, il faut qu’ils manifestent leur respect à l'égard des plantes. 
De la même façon, lors des grandes chasses aux bisons, ils s’excusaient avant de tuer l’animal.
Du fait de leur respect total de la nature, on comprend leur réaction face au comportement des Blancs qui ne pensaient qu’à dompter la nature.

Un rituel plus spectaculaire a beaucoup frappé les explorateurs : " La danse face au soleil ". Une danse d’une cruauté extraordinaire. On la voit se développer avec plus de ferveur dans les Plaines, alors que les Indiens se sentent menacés, et qu'ils pressentent la mort de leur civilisation . 
Pour la " danse face au soleil ", on installe un poteau central avec des cordes. Les Indiens qui le veulent accrochent une broche dans leur poitrine pour se relier au poteau, et tournent jusqu’à ce que la peau cède.

 

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Cette danse, qui avait vivement étonné les explorateurs, n'a pas totalement disparu. Il y a encore une vingtaine d’années, Robert Jaulin, y avait participé, non en s’accrochant au panneau central, mais en s’enlevant des petits morceaux de peau. 
C’est ce qu’avait fait Sitting Bull avant la bataille de Little Big Horn, moyennant quoi il avait eu une vision qui lui annonçait la victoire des Indiens sur les Blancs.

Il y a donc ce mysticisme exacerbé et une ritualisation de tous leurs actes, y compris lorsqu'ils fument le calumet de la paix - séquence classique des westerns. Le tabac est sacré et le rituel du calumet, qui ne circule dans n’importe quel sens, doit, par une sorte de mimétisme symbolique, rétablir l’unité du monde.

Les Indiens vivent donc dans un univers très sacré. 
Ce respect du rituel et de cette spiritualité, est très présente dans les autobiographies d’Indiens contemporains. Ce n’est pas seulement quelque chose d'obsolète. Les Indiens, qui parlent en 1970, font une allusion très précise, et parfois très détaillée, du déroulement de ce rituel.

L’une de ces autobiographies, " Soleil Hopi ", de Don Talayesva, parle d’une tribu indienne du Sud des États-Unis, les Hopis. 
Don Talayesva, qui a été à l’école chez les Blancs à l’âge de 10 ans, saura admirablement écrire, et se croira totalement intégré à la société des Blancs jusqu’à l’âge de 30 ans. Puis, il tomba malade et, à l’hôpital, une sorte de total retournement se produisit en lui. Il revint dans sa tribu, et il réfléchit aux raisons qui l'avaient amené à s’éloigner. 
C’est un ouvrage intéressant, une mine pour un ethnologue, car il raconte sa culture vue de l’intérieur. Il l'a écrit à la demande d’un ami ethnologue. C’est donc à la fois un roman d’apprentissage, " comment être un Hopi dans la société moderne ? ", et aussi, " qu’est-ce que c’est d’être Hopi et comment cela se manifeste-t-il ? ".

TACHA USHTE
On doit à Tacha Ushte (Cerf Boiteux), un Sioux né dans le Sud Dakota en 1903, et qui mourut en 1977 dans un accident de voiture, une autre autobiographie d'un immense intérêt : " De mémoire indienne ". Tacha Ushte ne savait pas écrire, mais il rencontra un journaliste, ami des Indiens, et après de nombreux entretiens, accepta de parler et d’être enregistré. 
Après avoir écouté les enregistrements, il donna son accord pour que le livre fut publié, jugeant qu’il était identique à ce qu’il voulait. C’est un ouvrage à la fois riche et plein d’humour. 
Tacha Ushte raconte ce que c’est d’être un enfant dans l’école de la réserve. 

Il dit : " On y entre hébété, on en ressort abruti. Nous savons que nous sommes Indiens quand nous y arrivons. Quand nous en sortons, nous sommes quoi, des demi Rouges, des demi Blancs ? Nous ne savons plus qui nous sommes. "

Il raconte sa vie avec toutes ses mésaventures, dont un moment qu’il n’a pas oublié.
" Un jour j’ai reçu un message du gouvernement du Grand Esprit Blanc qui m’adressait ses salutations. On voulait que je tue des hommes blancs. "
Tout à coup, c’était admis, incroyable. On l’engage pour la guerre et, brusquement, il a le droit de tuer les Blancs. Il est donc ravi.

Cet ouvrage pose un regard très humoristique sur la société blanche.
" La raison pour laquelle les Indiens ne souffrent pas de maladies cardiaques, c’est qu’ils ne vivent pas assez longtemps pour en souffrir ", dit Tacha Ushte .
" Nous autres guérisseurs faisons de notre mieux pour nos malades, mais nous souffrons des maux de l’homme Blanc qui tiennent à sa nourriture, à sa façon de vivre et, pour cela, nous n’avons pas de médecine. "

Il va s’en prendre à la fascination des Américains pour le dollar qu’il appelle " la peau de grenouille verte "
Lui qui a vécu dans une société de l’échange dit : " Pour l’homme Blanc, chaque brin d’herbe, chaque source d’eau sont étiquetés selon leur prix. "
Tacha Ushte invente un proverbe dont il est très fier : " Les Indiens traquent la vision, les Blancs traquent le dollar ".

Il considère que les Américains ne connaissent pas une bonne nourriture naturelle, qu'ils prennent, à tort et à travers, des vitamines et des comprimés. 

Il ajoute que, bientôt, la prière sera : " Notre Père qui êtes aux Cieux, bénissez notre comprimé quotidien. "
A plusieurs reprises, il porte un regard critique sur la société blanche qu'il fustige : 
" Autrefois, il n’y avait pas de prisons puisque les Indiens n’avaient rien. Maintenant, le progrès saute aux yeux... Partout les prisons se multiplient et nous savons que ces prisons sont pour nous, les Indiens. Dommage que nous soyons si nombreux à ne pas les apprécier. "

Il est plus grave lorsqu'il explique que le symbole de l'homme indien est le cercle.
Le cercle formé par la nature, par les hommes et les femmes rassemblés autour du feu, par le tipi qui est rond aussi, et de cercles en cercles jusqu’à l’infini.

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A cette notion de cercle, Tacha Ushte oppose ce qui lui paraît le symbole de l’homme Blanc, des boîtes avec des cadres, avec ses angles. Cadres des buildings, des maisons, des dollars. 
" Des boîtes et encore des boîtes. Téléviseur, machine à laver, automobile, ordinateur, vous êtes devenus les prisonniers de toutes ces boîtes. "

Tacha Ushte ajoute : " Vous nous avez rendu difficile la véritable approche de la nature. Vous n’avez pas seulement saccagé la terre, les roches, les ressources minérales, vous avez aussi altéré les pouvoirs des animaux, vous avez fait du loup un avorton, un toutou d’appartement. Avec le chat, vous êtes désemparé, car il est comme l’Indien, immuable. "

Il montre que, maintenant, nous ne savons plus ce qu’est la bonne chaleur car nous nous calfeutrons dans des boîtes qui abolissent la chaleur l’été, et la bise l’hiver. Et que nous tentons d’échapper aux intempéries en prenant l’avion pour Miami. " C’est votre façon de vivre. Elle ne vaut rien. "

" Vous avez rendu la mort hygiénique, vous l’avez cachée. Vous lui avez dérobé son honneur. Nous, Indiens, nous méditons beaucoup sur la mort. C’est mon cas. Par exemple, ce serait aujourd’hui un beau jour pour mourir, un jour à laisser quelque chose de soi. "

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Little Big Horn

A propos du calumet de la paix, Tacha Ushte déclare : " C’est peut-être plus sûr que toutes les grandes déclarations que font les Blancs qui parlent de guerre et de paix. "

Il termine par des phrases émouvantes et graves : " Enfin, la dernière vérité que je puisse vous apprendre, si toutefois vous désirez apprendre quelque chose d’un vieillard vivant dans une cabane délabrée, un pauvre homme qui pendant huit années n’a suivi qu’une seule classe à l’école primaire, c’est la prière que je dis quand j’implore une vision : " Esprit tutélaire, aie pitié de moi et que vive mon peuple ".

ÉLAN NOIR
C’est également sur ces paroles que s’achève la plus belle autobiographie indienne, écrite par Élan Noir. 
Élan Noir n'a pas été chef de guerre, mais il s'est battu. Il avait 13 ans lors de la bataille de "Little Big Horn" et il a vu également le massacre de "Wounded Knee". Il a été, plus tard,engagé dans la troupe de Buffalo Bill, est allé en Europe, en particulier en France et en Angleterre.
Cet ouvrage est aussi un document unique, une bible des croyances indiennes, car Élan Noir était un grand visionnaire, un " chaman " guérisseur, un grand prêtre d'une religion naturelle. 

Ce livre, publié pour la première fois en 1932, allait devenir un classique, particulièrement en 1971. En effet, John Neihard, à qui il avait accepté de confier son histoire et les croyances indiennes,fut invité par la télévision. A partir de là, les " Mémoires d’Élan Noir " devinrent un best-seller.

Élan Noir a vu le massacre de " Wounded Knee ". Inspiré par la grande vision qu'il avait eue dans son enfance, il avait cru qu'il pourrait sauver son peuple.

" Lorsque du sommet de ma vieillesse, je fais un retour sur le passé, je vois encore les femmes et les enfants massacrés, jonchant le sol du ravin tortueux, et je m’aperçois que quelque chose d’autre est mort dans ce bain sanglant, enseveli dans la tourmente de neige, le rêve de tout un peuple. C’était un beau rêve. Et moi qui ai reçu une si grande vision dans ma jeunesse, vous me voyez maintenant, pauvre vieil homme pitoyable qui n’a rien fait. Car le cercle de la Nation est brisé, dispersé. Il n’y a plus de centre, et l’arbre sacré est mort. "

Peu avant sa mort, Élan Noir, accompagné de John Neihard, a voulu revenir à l’endroit où il avait eu sa grande vision.
John Neihard nous rapporte les paroles du vieux chaman et raconte :

S’il me reste quelque pouvoir, les Esprits du Tonnerre de l’Ouest m’entendront lorsque j’enverrai une voix. Il y aura au moins un peu de tonnerre et un peu de pluie ". La journée était lumineuse et sans nuages et, quand nous avons atteint le sommet, le ciel était parfaitement clair.

Élan Noir lança son invocation d’une voix ténue et pathétique : " Ecoute-moi, non pour moi mais pour mon peuple. Ecoute-moi afin qu’il puisse revenir dans le cercle sacré et trouver la bonne route rouge et l’arbre protecteur ". 

Nous, qui écoutions, avions remarqués que de légers nuages s’étaient amassés autour de nous. Une petite pluie glacée se mit à tomber, et il y eut un grondement sourd de tonnerre sans éclairs. 
Les larmes coulant sur ses joues, le vieil homme éleva sa voix jusqu’à une plainte ténue et chanta : " Dans mon chagrin, j’envoie une faible voix aux six pouvoirs de l’Univers. Ecoutez-moi dans mon chagrin, car je n’appellerai peut-être jamais plus. Faites que vive mon peuple. " 

Pendant quelques minutes, le vieil homme resta silencieux, le visage levé, pleurant sous la pluie. 
Un instant plus tard, le ciel était de nouveau clair. "

 

CONCLUSION
On ne peut rester insensible à l’élan mystique qui anime Élan Noir, à sa force spirituelle. Peu importe le dieu qu’il implore. 

On aurait pu croire, pendant ces années du " réveil indien ", que l'espoir d'Élan Noir allait se réaliser.

Il n'en fut rien, mais si l'âme d'Élan Noir, aujourd’hui se promène, dans l’Au-delà, dans les plaines du Grand Esprit, peut-être a-t-elle été apaisée en entendant évoquer avec respect la grandeur de son peuple et son agonie.

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Pour prolonger la conférence par des lectures :

Autobiographies 
John Neihardt " Élan Noir" ( Seuil )
Don C. Taalayesva "Soleil Hopi" (Plon. Terre humaine.)
Tahca Ushte "De mémoire indienne" ( Plon. Terre humaine )
Thedora Krooeber "Ishi" ( Plon. Terre humaine )
"Les cent premières années de Niño Cochise" de Niño Cochise et A. Kinney Griffith (Seuil - Point Romans)
"Pleure, Geronimo" de Forrest Carter ( Stock - Le grand livre du mois)
Dee Brown. "Enterre mon coeur à Wounded Knee" ( Seuil )
"Pieds nus sur la Terre sacrée" (Denoël Collection)
Textes et photos TC McLuhan & Edward S. Curtis 


Autres ouvrages 
Serge Bramly "Terre Wakan" ( Robert laffont ) 
Vine Deloria Jr. "Peau - rouge" (édition spéciale )
"Voix Indiennes" ( Marco Lessana . Les formes du secret )
"Nations indiennes, nations souveraines" de François Graugnard et E. Patrouilleau( Maspero ) 
Helena Jackson "Un siècle de déshonneur" ( poche )

 Attention : Cette conférence ne doit pas être reproduite sans autorisation de l'auteur

 

Bibliographie : 

- RIEUPEYROUT Jean-Louis
" Histoire des Apaches : la fantastique épopée du peuple de Géronimo (1520-1981) " 
Ed. ALBIN MICHEL (1992) BB* 

- LÉVINE Daniel
" Amérique continent imprévu : la rencontre de deux mondes " 
Ed. BORDAS (1992) BB* 

- PICTET Jean
" L’épopée des Peaux Rouges " 
Ed. DU ROCHER (1994) BB*
Coll. Nuage Rouge

- DEBO Angie
" Histoire des Indiens des Etats-Unis " 
Ed. ALBIN MICHEL (1993) BB*
Coll. Terre Indienne

- PERRIOT Françoise
" La dernière frontière : Indiens et Pionniers dans l’Ouest américain (1880-1910) " 
Ed. ALBIN MICHEL (1994) BB* 

- CATLIN George
" Les Indiens d’Amérique du Nord " 
Ed. ALBIN MICHEL (1992) BB*
Coll. Terre Indienne

- FOHLEN Claude
" Les Indiens d’Amérique du Nord "
Ed. PUF (1985) BB*
Coll. Que Sais-je ?

- LOMOSITS Helga – HARBAUGH Paul – LAKOL WOKIKSUYE
" La mémoire visuelle des Lakotas " 
Ed. Les Indiennes de Nîmes (1993) BB*

- RASPAIL Jean
" Les Peaux Rouges aujourd’hui " 
Ed. FLAMMARION (1978) BB*
Coll. L’Odyssée

- JENNINGS Francis
" Les fondateurs de l’Amérique : depuis les migrations jusqu’à nos jours " 
Ed. DU ROCHER (2002) BB*
Coll. Nuage Rouge

- FEGY Camille
" Mimodrame rencontre d’un père jésuite et d’un chef sioux " 
Ed. PARIS-VU (1932) BB*

- JACQUIN Philippe
" Terre indienne : un peuple écrasé, une culture retrouvée " 
Ed. AUTREMENT (1991) BB*

- HANSEN Walter
" Crépuscule rouge : les derniers combats des indiens d’Amérique " 
Ed. PYGMALION (1980) BB*

- PENNEY David.W.
" Art des Indiens d’Amérique du Nord " 
Ed. Paris Terrail Pierre (1998) BB*

- THÉVENIN René – COZE 
" Mœurs et histoire des Indiens d’Amérique du Nord " 
Ed. PAYOT (1992) BB*

- CARTIER Jean-Pierre et Rachel
" Les gardiens de la terre " 
Ed. La table Ronde (1994) BB*

- JOHNSON Sandy
" Le livre des anciens : paroles et mémoires indiennes " 
Ed. Albin Michel (1996) BB*
Coll. Terre Indienne

- ANDRÉ Louis
" Santa Fé et le grand cercle indien " 
Ed. Le Chêne (1976) BB*
Coll. Duo Découverte 

- DORDIS Claude
" Voix des grands chefs indiens " 
Ed. DU ROCHER (1994) BB*
Coll.Nuage Rouge (photographies) 

- TRIGGER Bruce.G.
" Les Indiens, la fourrure et les blancs français et amérindiens en Amérique du Nord " 
Ed. Montréal Paris : Boréal BB*
Ed. SEUIL (1990) 

- CAPPS Benjamin
" Autobiographie d’un indien Winnebago " 
Ed. LE MAIL (1989) 

- GÉRARD-LANDRY Chantal
" Hopi : peuple de la paix et d’harmonie " 
Ed. Albin Michel (1995) BB*
Coll. Terre Indienne

- HIRSCHFELDER Arlène.B.
" Histoire des Indiens d’Amérique du Nord " 
Ed. LAROUSSE (2001) BB* 

- CAWTHORNE Nigel
" L’art des Indiens d’Amérique " 
Ed. SOLAR (1998) BB* 

- ROCHARD Jean
" Sur la piste de Big Foot " 
Ed. Textuel (2000) BB* 

- ZIMMERMAN Larry
" Les Amérindiens "
Ed. Albin Michel (1997) BB*
Coll. Sagesse du Monde  

- GÉRONIMO
" Les mémoires de Géronimo " 
Ed. MASPERO (1987) BB*
Coll. Voix américaines 

- JACQUIN Philippe
" La terre des Peaux Rouges " 
Ed. GALLIMARD (1988) BB*
Coll. Découverte Gallimard

- UTLEY Robert.M – WASHBURN – WILCOM .E
" Guerres indiennes : du Mayflower à Wounded Knee " 
Ed. Albin Michel (1993) BB*
Coll. Terre Indienne 

- ROBERTS David – DESCHAMPS Alain
" Nous étions libres comme le vent : de Cochise à Géronimo, une histoire des guerres apaches " 
Ed. Albin Michel (1999) BB*
Coll. Terre Indienne 

- DESCHAMPS Jacques
" C’est notre terre : Indiens du Québec " 
1 vidéo cassette 55 ‘ BB*
Ed. Fr3 Vidéo (1985) 

- CAMUS William
" Mes ancêtres les Peaux Rouges " 
Ed. Messidor-Lafaran (1982) BB* 

- BENEDEK Emily
" Au-delà des quatre coins du monde : une famille Navajo dans l’Amérique d’aujourd’hui " 
Ed. Albin Michel (2001) BB*
Ed. Terre Indienne 

- TAYLOR Colin F.
" Traditions indiennes : la vie quotidienne des Indiens d’Amérique " 
Ed. NATHAN (1997) BB* 

- ROSTOWSKI Joëlle
" Le renouveau indien aux Etats-Unis : un siècle de reconquête " 
Ed. Albin Michel (2001) BB*
Coll. Terre Indienne 

(BB* : livres disponibles à la Bibliothèque Municipale Landowski - 28 avenue André Morizet - 

92100 Boulogne-Billancourt)