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Café-Philo : "Au bonheur des âmes "

(BBI - février 2003) 

Je viens pour la quatrième fois, confie Denise, et j'ai la ferme intention de continuer. Je repars souvent avec de nouvelles questions qui s'ajoutent à celles, nombreuses, que je me posais déjà avant le débat, mais n'est-ce pas là le propre de la philosophie ? Mon objectif est atteint : vivre avec un esprit un peu plus éclairé. " 
Retraitée, veuve, Denise est une fidèle du café-philo qui se tient, une fois par mois, à la brasserie Le Palace, en plein centre-ville. 

L'assistance siège là dans une vaste arrière-salle, pas vraiment dissociée de l'animation du bar. La formule a en fait les inconvénients de ses avantages. Un mieux évident en termes de confort, mais des débats rendus difficiles par l'éloignement des intervenants. 

Moyenne d'âge élevée, thèmes sérieux, voire graves, comme l'atteste le sujet du jour Qu'y-a-t-il après la mort ?, mais une approche - parfaitement assumée - plus superficielle. 

La philosophie n'est pas la théologie, même si l'une et l'autre peuvent parfois s'inspirer.

Il est clair que tout ce qui touche à l'être, sa vie, sa mort et sa condition, nous interpelle, confirme Irène Herpe-Litwin. Ces notions, essentielles dans la vie d'un individu ont, de tout temps, fait réagir les philosophes. "

Cette femme blonde et distinguée, au profil un peu austère de professeur d'université, co-anime le café-philo depuis sa création à Boulogne-Billancourt en 1995. 
Dans les faits, elle est, à l'instar de sa consœur Sylvie Petin, la directrice du Forum Universitaire, l'une des pionnières d'un concept très parisien.

J'ai connu Marc Sautet, le père fondateur des cafés-philo au Café des Phares à la Bastille, dès 1992, raconte-t-elle. En 1994, il m'a demandé de l'aider sur une opération baptisée " Les bistrots en fête " menée simultanément sur plusieurs arrondissements de Paris. C'est alors que j'ai rencontré Sylvie Petin. Ensemble, nous avons décidé d'organiser des conférences afin de faire descendre la philo dans la cité. Une démarche " socratique " visant à sortir les gens de l'évidence et les aider à remettre en cause les idées reçues. "

Succès immédiat. Même si, les premiers temps, une certaine confusion " parasite " le message et transforme le café-philo en… " café du commerce " ! " 

Les personnes férues de philosophie ont parfois une réelle propension à vouloir monopoliser la parole, poursuit Irène Herpe-Litwin. Nous n'ignorions pas qu'il s'agirait là d'un écueil non négligeable. Nous avons rapidement trouvé nos marques pour y faire face. Ainsi, les heurts ont été rares. "

Reste que philosopher n'est pas une science aisée…Surtout pour des personnes d'un certain âge, souvent en mal de repères et désireuses de trouver une écoute, voire un réconfort. S'agit-il vraiment du public idéal, quand on souhaite conceptualiser, en évitant les particularismes ?

L'essentiel réside sans doute dans l'échange et le simple dialogue.

Une séance au café-philo, c'est à la fois quelque chose de sublime et de ridicule, tranche Paul, un habitué qui revendique une dizaine de débats à son actif. Sublime, de songer qu'à l'époque actuelle des gens peuvent encore prendre sur leur temps pour venir échanger des élucubrations plus ou moins sensées. Ridicule, parce qu'à l'arrivée, le résultat, c'est…aucun résultat. "

Une conclusion philosophique qui incite chacun à l'humilité.

Thierry Niemen 
Boulogne-Billancourt information - février 2003